Volume 5, numéro 5, automne 2014
Par Dominique Beaulieu, inf., Ph. D., Nicole Allard, inf., Ph. D., Julie Poirier, IPSPL, Daniel Milhomme, inf., Ph. D. (c.) (dans l'ordre ci-dessous)
Depuis plusieurs années, l'équipe de professeurs et de chargés de cours en sciences infirmières travaille en collaboration dans le but de stimuler l'intégration des connaissances entre les différentes notions transmises dans le cadre de la formation à l'UQAR. Nous vous présentons un projet qui a débuté à l'hiver 2014 et qui a semblé fort apprécié des étudiants. Ce projet favorise l'intégration des connaissances du cours Physiopathologie en lien avec les connaissances acquises dans les cours Évaluation clinique de l'adulte et Pharmacologie.
Les notions acquises dans le cadre du baccalauréat en sciences infirmières fournissent aux étudiants les connaissances nécessaires en physiopathologie pour répondre aux besoins actuels des milieux cliniques. En plus de renforcer les connaissances en anatomophysiologie acquises dans la portion collégiale du cheminement DEC-BAC, le cours de physiopathologie vise principalement à assurer une compréhension juste des conséquences associées aux différents désordres physiologiques. Afin de favoriser une compréhension optimale, les différents systèmes du corps humain doivent être considérés comme un seul et unique ensemble.
Toutefois, la réalité pédagogique oblige à fragmenter l'information et à l'enseigner en fonction de chacun des systèmes (par ex. : systèmes cardiovasculaire, musculosquelettique, endocrinien, etc.). Or, cette méthode d'enseignement pose un défi majeur pour les étudiants en regard de leur capacité à intégrer les liens entre les différents systèmes, de même qu'avec les connaissances acquises dans d'autres cours du programme. Ceci se traduit par des difficultés importantes à mettre en relation les différentes notions acquises en cours de formation.
Devant ce constat, six exercices d'intégration des connaissances en physiopathologie ont été développés pour les étudiants du cheminement DEC-BAC et intégrés sur la plateforme électronique du cours Physiopathologie. Les exercices abordent les problèmes de santé suivants :
a) l'anaphylaxie (système immunitaire)
b) la maladie pulmonaire obstructive chronique [MPOC] et l'asthme (système respiratoire)
c) l'insuffisance rénale (système urinaire)
d) le diabète (système endocrinien)
e) l'insuffisance cardiaque (système cardiovasculaire) et
f) la cirrhose (système digestif).
Les exercices ont été développés principalement par une infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne (IPSPL). Ayant une connaissance approfondie des notions de pharmacologie, de physiopathologie, d'examen physique et des analyses de laboratoire ainsi qu'une pratique clinique avancée, son implication a permis de créer des exercices qui correspondent à des antécédents médicaux réalistes. Ces mises en situation stimulent l'analyse, l'interprétation et l'acquisition de nouvelles notions, et elles permettent aux étudiants d'aiguiser leur jugement clinique. L'affinement du jugement clinique est d'ailleurs un des objectifs de la formation au baccalauréat.
Ce type d'activité est reconnu pour favoriser une intégration véritable des connaissances acquises dans les différents cours d'un programme de formation (Dubé & Tardif, 2010; Tardif, 1997). Bien qu'aucune donnée statistique ne permette de quantifier l'impact de ces exercices, il n'en demeure pas moins que les commentaires recueillis auprès des étudiants se sont avérés fortement positifs. Ces derniers ont notamment reconnu qu'il était plus facile d'établir les liens entre les différentes notions acquises dans les cours du cheminement DEC-BAC, et que des exercices semblables s'avéraient considérablement utiles dans leur pratique clinique. C'est pourquoi ce projet novateur a été présenté dans le cadre du congrès de l'Association canadienne des écoles de sciences infirmières (ACESI) à Halifax en mai dernier ainsi qu'au Colloque de pédagogie universitaire de l'UQAR en juin 2014.
En somme, ce projet pédagogique contribue à l'atteinte de l'objectif du programme DEC-BAC en sciences infirmières de l'UQAR. Celui-ci vise à rendre l'infirmière étudiante capable d'assumer des responsabilités professionnelles accrues dans l'exercice de sa profession et plus particulièrement dans des situations complexes de soins auprès de la personne, de la famille, du groupe et de la communauté (UQAR, 2012).
Voici quelques exemples de questions pour tester vos connaissances. Certaines questions pourraient vous demander quelques recherches documentaires.
Vous êtes infirmière à l'urgence. Vous rencontrez Pascal, un travailleur de la construction âgé de 59 ans, qui se plaint de toux persistante et d'essoufflement depuis plusieurs mois. Il vous raconte qu'il a reçu à deux reprises, au cours des six derniers mois, des traitements antibiotiques pour deux bronchites. Comme il tousse toujours, il croit que son infection n'est pas résolue et qu'il aurait besoin d'un autre traitement antibiotique.
Pascal a fumé une vingtaine de cigarettes par jour pendant 30 ans et a cessé depuis près de deux ans. Il se plaint d'une dyspnée lorsqu'il monte deux étages et d'une respiration sifflante lorsqu'il fournit un effort physique. Il a des quintes de toux matinales avec des expectorations blanchâtres depuis plus de deux ans. L'entrevue relève qu'il ne souffre pas d'orthopnée, de dyspnée paroxystique nocturne ou de douleur thoracique. À l'examen physique, vous n'observez pas d'œdème des membres inférieurs ni de signes de dyspnée. L'auscultation thoracique révèle une diminution des murmures vésiculaires aux deux bases avec quelques ronchis. Aucun souffle cardiaque n'est entendu.
Question 1 : Que suspectez-vous comme problème de santé chez Pascal?
Question 2 : Parmi les choix suivants, quel élément contribue à différencier la pathologie identifiée à la question 1 de l'asthme chez ce patient?
Question 3 : Quel test paraclinique serait le plus approprié pour Pascal?
Question 4 : Selon la classification de la Société canadienne de thoracologie, à quel stade de la maladie le patient est-il?
Question 5 : À combien de paquets-année estimez-vous la consommation tabagique de Pascal?
Question 6 : Quel traitement pharmacologique tous les patients atteints de cette maladie devraient-ils recevoir au besoin?
a) Bêta 2-agonistes à courte durée d'action (BACA)
b) Anticholinergiques à longue durée d'action (ACLA)
c) Bêta 2-agonistes à longue durée d'action (BALA)
d) Corticostéroïde inhalé (CSI)
e) Corticostéroïdes inhalés (CSI) / Bêta 2-agonistes à longue durée d'action (BALA)
Plus tard dans la journée, vous rencontrez monsieur Boulanger, 36 ans, qui se présente à l'urgence en crise d'asthme sévère. Lors de votre examen physique, vous observez une tachypnée avec une expiration prolongée, de l'agitation, l'utilisation des muscles accessoires et une transpiration abondante.
Question 7 : Parmi les choix suivants, quel bruit surajouté risquez-vous le plus d'entendre à l'auscultation pulmonaire de monsieur Boulanger?
Question 8: Quel est le traitement de choix lors d'une crise d'asthme?
a) Bêta 2-agonistes à courte durée d'action (BACA)
b) Anticholinergiques à longue durée d'action (ACLA)
c) Bêta 2-agonistes à longue durée d'action (BALA)
d) Corticostéroïdes inhalés (CSI)
e) Corticostéroïdes inhalés (CSI) / Bêta 2-agonistes à longue durée d'action (BALA)
Question 9 : Quel traitement à long terme devraient recevoir les patients qui présentent un asthme léger persistant?
a) Bêta 2-agonistes à courte durée d'action (BACA)
b) Anticholinergiques à longue durée d'action (ACLA)
c) Bêta 2-agonistes à longue durée d'action (BALA)
d) Corticostéroïdes inhalés (CSI)
e) Corticostéroïdes inhalés (CSI)/Bêta 2-agonistes à longue durée d'action (BALA)
Question 10 : Le lendemain, vous avez soin de madame Carpentier, 72 ans, connue pour une insuffisance cardiaque gauche. À son arrivée à l'urgence, elle est dyspnéique, présente un tirage sus-sternal et se dit très anxieuse. Vous suspectez un œdème aigu du poumon (OAP). À l'auscultation, quel bruit surajouté entendrez-vous?
Question 11 : Peu de temps après, madame Tremblay se présente à l'urgence avec son fils de 2 ans et demi. Elle est très anxieuse, car son garçon a de la difficulté à respirer et émet un son très bruyant lorsqu'il respire. Il n'est pas connu asthmatique, mais madame Tremblay vous dit que depuis une journée, la voix de son enfant est plus rauque. Comment se nomme ce bruit extrapulmonaire qui caractérise la laryngite aigüe?
Les réponses à ce test seront publiées dans le prochain numéro du Cyberjournal.
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